Elles sont nombreuses à faire de la mise en scène à la FNCTA Union Régionale de Normandie. Elles ont accepté de répondre à un questionnaire sur leurs activités et leur vision de la mise en scène.
Merci à elles, pour ces réponses riches en couleur.
Retrouvez de nouvelles réponses tout au long de la semaine…
Ophélie BRUNET, Metteur en scène de la Troupe des Chronophages, CAEN.
– Quelle est votre définition de la mise en scène ?
Je n’en ai pas vraiment… Peut-être : organisation spatio-temporelle des divers éléments de la représentation afin de créer un univers autonome et particulier, en vue d’une réception par les spectateurs…
– Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire de la mise en scène ? En observant les metteurs en scène travailler, en imaginant mes propres décors et spectacles, l’idée de mener un groupe, et de créer une compagnie…– Depuis quand faites-vous de la mise en scène ? Depuis 2005.– Avez vous des personnes ou des lectures qui vous ont inspirée ? Meyerhold, Eugenio Barba, Augusto Boal, mes professeurs de théâtre (Luc Churin, Marc Laignel, Charly Venturini, Serge Nail, Lulu Berthon…), Jean-François Peyret, James Thierrée… Beaucoup d’autres !
– Avez vous suivi des stages, des formations ? Oui, au lycée, à l’université, dans des compagnies…– Quel est le registre des pièces que vous mettez en scène ? Il y a pas de registre particulier, il s’agit plutôt d’une forme avec engagement très fort du corps et du visuel.. J’effectue mes choix selon des rencontres avec un texte, avec un spectacle ou avec des personnes…– Quels sont les projets que vous avez prochainement ? Projet sur le Temps, avec 2 ou 3 comédiens…– Avez-vous d’autres activités théâtrales ? Oui, jeu, scénographie, construction de décors, réalisation de costumes, écriture, lumières, son, régie, etc…– Avez-vous une phrase qui vous caractérise ou que vous aimez bien ? Le théâtre est chronophage…– Pensez vous que le théâtre a un genre : existe t il des différences entre les spectacles des metteuses en scène et metteurs en scène ? pas du tout
Anne Pascale PATRIS, LES COMPAGNONS DE L’AUBADE à Ferrières en Bray
– Quelle est votre définition de la mise en scène ?
donner la vie à un texte. Le choisir et l’ élever, tenter de lui apporter l’amplitude et la profondeur, la perspective qui sont comprimés, compressés entre les feuilles– Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire de la mise en scène ?
Pour mes 10 ans, mes parents m’ avaient emmené à la comédie Française assister à une représentation de Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand. Cela a été un appel de la scène, un appel du théâtre avec tout ce qu’ il comporte, tout ce qui le compose dont la mise en scène.– Depuis quand faites-vous de la mise en scène ?
Depuis la création des Compagnons de l’Aubade, il y a 8 ans.– Avez vous des personnes ou des lectures qui vous ont inspirée ? je suis tombée tout à fait par hasard, un jour sur une vieille revue de théâtre jaunie et usagée. Je la feuilletais vaguement en » regardant les images » lorsqu’une photo en noir et blanc a attiré mon attention. Elle représentait un homme les pieds solidement campés au sol tenant des feuilles dans une main et faisant un geste du bras qui s’ apprête à envelopper l’ espace. Je me suis alors dit que c’ était une position de metteur en scène. Il s’ agissait de Giorgio Strehler. J’ai bien sûr lu l’ article qui m’ a interpellée. J’ai fait des recherches, lu son livre « un théâtre pour la vie », regardé des vidéos de ses spectacles. Sous la force et la puissance d’un lion blanc, j’ai découvert la poésie sensitive de cet homme, une exigence et une rigueur d’ orfèvre, une compréhension de la nature humaine, une oreille exceptionnellement fine, et un talent incomparable à raconter des histoires. J’ ai découvert aussi un homme angoissé qui courait vers l’ avant ce qui m’a autorisée à accepter mes propres inquiétudes quant à la création.– Avez vous suivi des stages, des formations ?
Stage de mise en scène avec Yann DACOSTA
– Quel est le registre des pièces que vous mettez en scène ?
jusqu’ à l’ année dernière, je montais des épopées médiévales. Mais un tournant décisif a été pris avec la pièce LABYRINTHE. Aujourd’hui, épuré, mon univers se tourne sur une période contemporaine, laissant à nu mon observation et mes sentiments sur la nature humaine.– Comment effectuez vous vos choix ?
Par l’ envie, l’ envie de raconter l’ histoire qui se forme dans la tête. Parfois certaines de ces histoires n’ aboutissent pas à la création sur scène et ce n’ est pas grave. L’ envie n’ était sans doute pas assez forte. Parfois la nécessité de partager la pièce devient suffisamment motrice pour contourner tous les obstacles et affronter l’ exposition.
Je crois qu’ un metteur en scène se dévoile en réalité bien plus que les comédiens en pleine lumière sur scène.– Quels sont les projets que vous avez prochainement ?
Une autre pièce contemporaine en cours d’ écriture. Pour 3 hommes.
– Avez-vous d’ autres activités théâtrales ?
oui. Je suis entrée « en amour » pour le théâtre et tout le théâtre, tout ce qui le compose, le fait, le crée. Tout m’ intéresse, me captive, m’ interpèle puisque c’ est un art multiple et qu’ il n ‘existe que dans la fusion de toutes ces activités, de ces énergies. J’ ai encore bien à apprendre et ce qui est justement passionnant.– Avez-vous une phrase qui vous caractérise ou que vous aimez bien ?
« J’ aime les rapports avec les êtres humains. J’ aime le théâtre parce qu’ il est humain ! qu’ y a-t-il de plus directement humain que le théâtre ? je fais du théâtre parce que l’ on y fait « de l’ humain ». J’ en fais ou je peux comme je peux, le mieux possible, en y croyant et en n’ y croyant pas, en essayant d’ être honnête avec moi-même et avec les autres. En somme, je ne sais peut être pas toujours pourquoi j’ en fais, mais ce que je sais, c’ est que je dois en faire, que je veux en faire et que je veux faire entrer dans le théâtre ma personne entière. » Giorgio Strehler– Pensez vous que le théâtre a un genre : existe t il des différences entre les spectacles des metteuses en scène et metteurs en scène ? Je ne sais pas s’ il existe une différence entre les hommes et les femmes metteur en scène. Ce qui est sûr c’ est qu’ il existe des différences entre tous les individus et que par là, nous sommes tous uniques !
Nelly Hervé de la Compagnie CARPE DIEM à ROUEN
– Quelle est votre définition de la mise en scène ?
EMMENER DES HOMMES ET DES FEMMES EN VOYAGE SUR LA TERRE D’UN AUTEUR PENDANT LEQUEL ILS VONT POUVOIR SE RENCONTRER ET SE DECOUVRIR ENSEMBLE ET INDIVIDUELLEMENT– Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire de la mise en scène ?
D’ABORD PAR NECESSITE IL EN FALLAIT UNE ET CE FUT MOI ET PUIS J’AI AIME LES VOYAGES THEATRAUX– Depuis quand faites-vous de la mise en scène ? 2002
– Avez vous des personnes ou des lectures qui vous ont inspirée ? NON– Avez vous suivi des stages, des formations ?DE METTEUR EN SCENE NON– Quel est le registre des pièces que vous mettez en scène ?
JE N’AI PAS DE PREFERENCEComment effectuez vous vos choix ? COUPS DE COEUR– Quels sont les projets que vous avez prochainement ? L’APPEAU DU DESIR de GERARD LEVOYER et une CREATION COMMEDIA DELL’ARTE ET DES PETITES FORMES ET DES LECTURES DE POESIE ET …. Pour combien de comédiens ? 15 ET 8– Avez-vous d’autres activités théâtrales (jeu, conception de décors, écriture, lumières….) ?
OUI LE JEU, L’ECRITURE, LA FORMATION EN IMPROVISATION ET EN THEATRE…
– Avez-vous une phrase qui vous caractérise ou que vous aimez bien ? CARPE DIEM « VIVRE LE PRESENT INTENSEMENT »– Pensez vous que le théâtre a un genre NON: existe t il des différences entre les spectacles des metteuses en scène et metteurs en scène ?
OUI IL Y A DES DIFFERENCES BIEN SUR, TOUTEFOIS JE PENSE QUE CE N’EST PAS UNE QUESTION DE SEXE MAIS D’INDIVIDUS. JE PENSE QUE NOUS SOMMES TOUS UNIQUES ET QUE NOS REGARDS SUR LE MONDE , NOS IMAGINAIRES, NOS SENSIBILITES MULTIPLIENT LES POSSIBLES.
Raymonde VARIN, Le manteau de l’Arlequin
1- Pour moi mettre en scène c’est « donner à voir », un texte écrit, le « rendre concret » …. c’est aussi faire « vivre » des comédiens, les rendre « crédibles », les faire évoluer dans un environnement réel ou imaginaire ….
2 – Je n’ai pas vraiment eu « envie » de faire de la mise en scène. Pendant des années j’ai participé aux activités du Manteau d’Arlequin en tant que comédienne et costumière (j’y suis rentrée en 1952). J’ai eu la chance de travailler de très grands rôles du répertoire. En 1976, notre Directeur (qui était aussi professeur au conservatoire) est décédé. J’étais alors la plus « ancienne » dans la troupe ……. et j’ai décidé d’en reprendre la direction Et, à partir de ce jour, j’en ai assuré toutes les mises en scènes, soit environ une centaine de spectacles.
3- J’ai assez peu lu d’ouvrages sur la mise en scène. J’ai voulu tout d’abord suivre l’exemple de « mon maître » qui pensait sa mise en scène de façon très cérébrale. Il dessinait le décor, les costumes …. il décrivait de façon très détaillées les évolutions des personnages, leurs moindres déplacements. J’ai tout d’abord essayé de faire de la même façon mais je me suis vite rendu compte que cela ne me convenait pas du tout. Alors j’ai fait quelqes stages … afin de voir comment faisaient les autres et afin de me situer moi-même.
4- J’ai une approche très « intuitive » de la mise en scène. J’essaie de créer un « univers » …. et je laisse aux comédiens le soin de s’y « installer », de se « touver », et d’y « vivre » …. tout en respectant les objectifs que je leur explique et que je leur fixe au départ. Bien que je fasse une belle part au décor et aux costumes ….. je reste persuadée que le comédiens est l’élément essentiel du spectacle.
5- Je n’ai pas de « registre » particulier. J’ai abordé le théâtre classique, le théâtre contemporain, qu’il soit français ou étranger. Je choisis en général mes spectacles en fonction des gens qui travaillent avec moi.
6- Je viens de terminer la mise en scène de « Eté et fumée » de Tennessee Williams avec 16 comédiens. Je travaille actuellement sur « Un mois à la campagne » de Ivan Tourguéniev avec 12 comédiens. Le prochain spectacle sera une visite théâtralisée d’un quartier du bord de mer au Havre.
7- Je pense qu’un metteur en scène doit participer à toutes les activités liées au spectacle : j’écris, je joue, je participe à la réalisation des décors, je fais des costumes ……( j’ai plus de mal avec la régie depuis que les techniques ont évolué et en particulier l’informatique !)
8- Une phrase qui me plaît ? ………….. « respecte ceux qui travaillent avec toi et ils te donneront le maximum ! »
9- Je ne vois pas pourquoi il y aurait une différence entre une metteur en scène et une metteuse en scène. Chaque être humain ayant sa propre sensibilité …. qu’il soit homme ou femme, peu importe !
Véronique Briant-Léger, metteuse en scène de la troupe « Arnières La Troupe », près d’Evreux (eure)
1) je ne peux pas dire que j’ai une « définition » de la mise en scène, si ce n’est servir au mieux l’auteur avec ce que je suis!quand je lis une pièce des images m’apparaissent , de « premières » évidences s’imposent, puis , au fur et à mesure,après bien sûr une étude dramaturgique appronfondie et surtout après avoir receuilli des informations sur l’auteur, tel qu’il est dans son époque, quels sont ses gouts, qui sont ses relations etc…, je laisse mon inconscient divaguer
2) ce qui m’a donné envie de faire de la mise en scène ? et bien…. des cours de mise en scène à Paris III , avec Eloi RECOING qui nous a fait travailler une année durant sur Heiner MULLER ;c’est dans ce cours que j’ai réalisé mes toutes premières mise en scène dont des POEMES et surtout HAMLET MACHINE que Mr Recoing choisit (entres autres) de présenter comme travail universitaire à La Factory de Lyon. J’ai pris le gout de me confronter au texte, de le digérer, de le laisser pénétrer en moi, de laisser venir, d’essayer, de ne pas être satisfaite, de chercher, encore et encore, de choisir, de laisser venir de nouveau… ensuite, les enseignements plus théoriques (Jean-Loup RIVIERE, ………..) m’ont fait prendre conscience des travaux de André ANTOINE, Edward CRAIG, Bertold BRECHT, j’ai « rencontré » (cours ou documents vidéo) Tadeusz kANTOR, Jacques Lecoq, Patrice CHEREAU, Jacques LASALLE, j’ai vu du théâtre et du théâtre et j’ai découvert que le « travail » du metteur en scène était ce qui m’importait le plus et qu’il faisait la différence!
3) je fais de la mise en scène depuis 1999 , mais, en y réfléchissant bien , quand j’avais 16 ans, dans mon petit village de ST Sébastien de Morsent (près d’Evreux), j’avais débauché une bande de copains et nous avions monté une pièce de théâtre : c’est moi qui donnais les idées de déplacement, de façon de parler, .. mais à l’époque je ne connaissais même pas ce mot « metteur en scène »pour moi, alors, seuls les acteurs existaient, et je croyais que c’étaient eux qui seuls décidaient de leurs actions!
4) les personnes ou lectures qui m’ont inspirée: des tonnes… dont je n’ai plus le nom en tête, et puis éloi RECOING et ses cours sur Heiner MULLER, Monique BANU BORIE et ses cours sur l’approche psychanalytique et historique de HAMLET, qui m’ont apporté plus que je ne pourrais dire (travail sur l’inconscient)… et puis Didier BEZACE dans « les heures blanches »des artistes comme Jacques lasalle, Jean VILAR, Pina BAUSCH (même s’il s’agit de danse contemporaine)mais mes plus gros chocs, dans des domaines différents furent : Tadeusz KANTOR, Rodrigo GARCIA, Ariane MOUCHKINE et Jérôme DESCHAMPS.. et Yohann LEGUILLERM. Allez savoir pourquoi?
5) j’essaye de choisir des auteurs contemporains ce qui demande un effort constant je l’avoue et du temps, ce qui me fait le plus défaut je penseLaurent Van WETTER, Claude CARRE, Emmanuel DARLEY, Sergi BELBEL, Jose Sanchis SINISTERRA, mais aussi Jean-Michel RIBES. J’effectue mes choix suite à des lectures dans une librairie théâtrale (à Paris) car à Evreux, il n’y a rien de rien et bien sur aussi je regarde de près la distribution, car dans une troupe amateur, il n’est pas possible de laisser un comédien sur la touche ; alors, j’essaie de trouver une soultion, d’être inventive! Des fois, ça marche! Des fois, je laisse dans un coin de ma tête une pièce qui me tient à coeur car ce n’est pas possible
6) nos projets : faire « tourner » la pièce que nous venons de monter »présence d’esprit » de Claude Carré et faire aussi des interventions de théâtre de rue (un projet qui se nomme « juste oui et non » qui se joue sur les marchés
6) actuellement je n’ai pas d’autres activités théâtrales ; j’écris des textes, mais pour une amie chanteuse
7) oui, j’ai une phrase qui me caractérise et que j’aime bien ; elle est de Tadeusz KANTOR « l’art n’a pas à guérir; Je ne suis pas un guérisseur, je suis pour le poison »
8) je pense qu’il existe « des théâtres » théâtre de divertissement, théâtre plus engagé, que ce soit civiquement, politiquement, mais que les messages soient là ou pas, le théâtre a le mérite d’être un spectacle vivant qui fait sortir les gens de chez eux, et del es emmener dans une salle où même s’ils ne se connaissaient pas 5 mn auparavant, ils vont partager une émotion commune et ça, personne ne pourra leur ôter!
Laurence Bohec, la langue fourchue du papillon– Quelle est votre définition de la mise en scène ?
un bal harmonieux et créatif de mon intérieur tourmenté
– Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire de la mise en scène ?
des enfants d’un quartier dit « difficiles »
– Depuis quand ?
2005– Avez vous des personnes ou des lectures qui vous ont inspirée ? Si oui, lesquelles ? Avez vous suivi des stages, des formations ?
bof…c’est un ensemble d’images et de visages !
stage avec Dacosta, Hédi Tourette de Clermont Tonnerre etc…– Quel est le registre des pièces que vous mettez en scène ? Comment effectuez vous vos choix ?dramatique / comédie / parce que ce sont mes mots!– Quels sont les projets que vous avez prochainement ? Pour combien de comédiens ?
Deux pièces en écriture / environ 20 comédiens– Avez-vous d’autres activités théâtrales (jeu, conception de décors, écriture, lumières….) ?écriture– Avez-vous une phrase qui vous caractérise ou que vous aimez bien ?
« il faut avoir un chaos en soi pour accoucher d’une étoile qui danse » Niezstche
– Pensez vous que le théâtre a un genre : existe t il des différences entre les spectacles des metteuses en scène et metteurs en scène ? Si oui, lesquelles ?
je ne crois pas… je ne me pose pas la question…